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Monument Nuret-le-Ferron

, 23:31pm

Publié par Didier Bléron

Sommaire Monuments aux morts

Le monument aux morts de Nuret-le-Ferron

 

Comme la quasi-totalité des communes françaises, Nuret-le-Ferron possède son monument aux morts, destiné à honorer les noms et la mémoire de ceux qui ont fait le sacrifice suprême pour la Nation.

Les origines du monument

A la fin de la guerre 1914-1918, devant l’ampleur du désastre et le nombre de soldats français morts au cours du conflit, on se dit que cela ne doit plus se reproduire et qu’il faut honorer tous ces sacrifiés. Pour cela, plusieurs lois sont votées. Parmi elles, il y a celle du 25 octobre 1919 intitulée « Loi relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la grande guerre » qui est à l’origine des monuments aux morts et celle du 24 octobre 1922 qui fixe au 11 novembre la commémoration et rend ce jour férié.

Jusqu’alors très rare, les monuments aux morts commencent à fleurir dans presque toutes les communes de France dans les années 1920-1925.

C’est le 3 août 1919 que l’on trouve, dans les délibérations du conseil municipal de Nuret-le-Ferron, la mention d’un futur monument dans la commune. Ce jour là le maire, François BAUDOIN, soumet au conseil un projet de construction d’un monument qui sera érigé sur la place publique de Nuret-le-Ferron pour « perpétrer le souvenir et conserver à la postérité le nom des soldats de la commune morts pour la défense de la Patrie ». Une commission est constituée et elle mènera à bien le projet sous la mandature de Narcisse AUDEBERT, nouveau maire élu le 10 décembre 1919. L’entrepreneur retenu est monsieur NÉRET, sculpteur à Châteauroux.

Le 19 juin 1921, le conseil municipal décide de concéder gratuitement des emplacements dans le cimetière pour l’inhumation des corps rapatriés des militaires morts pour la France.

Le projet, proche des plans définitifs mais avec comme nom de commune « MURET » et non « NURET ».

L’emplacement

Il faut trouver un site qui permet de rassembler les habitants du village pour les commémorations. Le 1er mai 1922, le conseil municipal décide que l’emplacement définitif du futur monument sera sur la place située face à la porte de l’église. Aujourd’hui Place des Marronniers, c’est un point central et la plus grande place de la commune.

Extrait du plan cadastral.

Son architecture et ses attributs

La forme choisie pour le monument est celle d’un obélisque qui, dans la symbolique, représente la mort d’un jeune homme. Une stèle en granit poli, posée sur une base carrée, sur laquelle est gravée l’épitaphe et sont fixées les plaques de marbre comportant les noms des morts. Le tout est supporté par deux socles carrés successifs, dans un enclos de 2,50 m de côté. La hauteur totale de l’ensemble est de 3,60 m.

Sur la face avant du monument, on trouve l’inscription dans la base carrée : « A La mémoire glorieuse des Enfants de NURET le FERRON morts pour La France 1914 - 1918 ».

L’épitaphe du monument.

Sur l’obélisque, dans la partie centrale, une sculpture de bronze composée :

  • d’une palme représentant les martyrs, les victimes des causes justes, des conflits armés ;
  • d’une couronne de lauriers qui suggère la gloire éternelle ;
  • d’un ruban qui assemble le tout et porte l’inscription « PRO PATRIA », Pour la Patrie.

Détail de l’assemblage.

Dans la partie supérieure de l’obélisque, est représentée la Croix de guerre 1914-1918.

De chaque côté du monument, au niveau de la base carrée, est apposée une plaque de marbre sur laquelle sont gravés en lettres d’or les noms des soldats de la commune morts pour la France.

La plaque de gauche et ses 24 noms.

La lecture des noms se fait en commençant par le côté gauche du monument. Effectivement, on remarque que c’est l’ordre chronologique des décès qui a été choisi et que cette liste a sûrement été établie avant début 1920, car les décès confirmés par jugement à partir de mai 1920, soit cinq, n’apparaissent qu’à la fin.

Le dernier nom gravé est celui de Jean Adrien MATHIAS qui est mort à son domicile le 3 février 1919. Il faudra attendre que la cause de son décès soit reconnue imputable à une blessure de guerre ou à une maladie contractée lors de celle-ci, pour l’obtention du titre de « Mort pour La France ».

Les 22 noms de la plaque de droite.

À l’arrière, et donc face à l’église, se trouve une autre Croix de guerre, beaucoup plus petite et située à la jonction entre la partie basse carrée et l’obélisque.

Le montant total de l’érection du monument aux morts s’éleva à 12 700 francs, réglé en totalité par le budget communal.

Document fourni à la demande de la Préfecture de l’Indre.

En 1946, sous la présidence de Joseph POITRENAUD alors maire, le conseil municipal décide la pose d’une nouvelle plaque sur le monument aux morts, le 14 avril, en hommage à Lucien MIAUX, décédé en captivité lors de la guerre 1939-1945. Elle est scellée à la base du monument, sur la face avant.

La plaque ajoutée en 1946.

L’inauguration

Un problème de pierres tachées sur le monument et un conflit avec l’entrepreneur ont retardé l’inauguration du monument.

En février 1924, la commission constate que la pierre du monument est toujours tachée et propose à monsieur NÉRET d’abandonner à la commune la somme qui reste due. En octobre, sous la présidence d’Alexandre BERTHIAS, nouveau maire suite au décès de son prédécesseur, le conseil municipal décide d’accepter le monument, malgré les taches de quelques unes des pierres, à la condition que l’entrepreneur s’engage à faire deux lavages par an, en présence d’un conseiller municipal. En cas de défaut par lui d’accomplir consciencieusement les lavages, il devra verser à la commune 100 francs pour chaque lavage non fait.

Extrait d'une enveloppe de l'entreprise Néret.

C’est donc seulement le dimanche 14 novembre 1926 que le monument aux morts de Nuret-le-Ferron est officiellement inauguré. Un article du quotidien Journal du département de l’Indre, en date du 18 novembre, nous rapporte le déroulement de la journée.

  • Dans la mâtinée, une messe fut dite par l’abbé Gravières, curé de Méobecq et anciennement à Nuret-le-Ferron et l’abbé PREUGNAT, nouveau curé de la paroisse.
  • 11h00, réception à la mairie, suivie d’un déjeuner servi par monsieur Dupond, restaurateur à Saint-Gaultier, dans la salle de l’école de filles. À la table d’honneur se trouvaient messieurs COSTE, Sous-préfet du Blanc, BÉNAZET, député de l’Indre, COLLET, conseiller d’arrondissement du canton de Saint-Gaultier, FERRON, maire de Saint-Gaultier, LAVILLONIÈRE, maire de Migné, GUILLAUME, maire de Méobecq …
  • 14h30, l’assistance se rassembla autour du monument renforcée par la présence de messieurs BAUBIET, conseiller général du canton de Saint-Gaultier, Raymond DAUTHY, député de l’Indre, et Henry DAUTHY, sénateur de l’Indre. Le maire de la commune prononça alors le discours d’inauguration.
  • À l’issue de la cérémonie, monsieur PÉRICHET, retraité et ex instituteur à Nuret-le-Ferron, fit l’appel des soldats tombés à la guerre, au nom de chacun desquels les enfants de l’école de garçons, ses anciens élèves, répondirent : « Mort pour la France ! ».

Le menu du banquet de l’inauguration.

Le discours d’inauguration

Voici l’intégralité du discours prononcé par le maire de Nuret-le-Ferron :

« Mesdames, Messieurs,

C’est avec une profonde émotion que je prends la parole aujourd’hui pour adresser mon souvenir ému aux enfants de Nuret-le-Ferron dont nous voyons les noms gravés sur cette pierre.

Courageux ils étaient dans la paix, courageux ils furent dans la guerre. Ils ne pensaient qu’à la défense du Droit et de la Liberté menacés pour laquelle ils devaient hélas ! faire le sacrifice de leur vie après des misères affreuses.

N’oublions jamais un tel sacrifice et toutes les douleurs morales qui l’ont accompagné. Pensons à tout ce que nous devons à ces hommes tombés en pleine force sur les champs de bataille. Il ne faut pas qu’ils meurent une seconde fois et que la génération qui monte, ignorante de la guerre, n’en conserve qu’un souvenir affaibli.

Que leur mémoire demeure toujours aussi vivace au fond de notre cœur ! Il ne faut pas que notre reconnaissance paraisse mesurée à ceux qui donnèrent tout pour nous.

Nous chercherons à nous rendre dignes d’eux et de leur exemple en montrant maintenant pour les œuvres de la paix le courage qu’ils ont montré pour la dure tâche de la guerre. Nous contribuerons ainsi, dans le métier que nous aurons choisi, à la prospérité du pays.

Au nom de la municipalité et de la population toute entière, je dépose cette palme en témoignage de notre impérissable souvenir aux enfants de Nuret-le-Ferron morts pour la France.

Devant vous, glorieux enfants et vos familles, je m’incline bien bas. »

Alexandre BERTHIAS, maire de Nuret-le-Ferron du 17 mai 1925 au 5 novembre 1944.

 

 

 

Le monument aux morts de Nuret-le-Ferron a été l'objet de deux pages dans le livre " Les monuments aux morts de l'arrondissement du Blanc ", les voici :